LA VÉRIFICATION – Des chercheurs britanniques l’ont affirmé la semaine dernière, alors que le Pr Alain Fischer, le «Monsieur vaccin» du gouvernement, évoque un «challenge ambitieux».
LA QUESTION. On le sait, le vaccin protège des formes graves du Covid-19 et cette protection, de nature individuelle, dépasse les 80% voire les 90%. Mais ce n’est pas par ce biais que l’on pourra atteindre la fameuse – peut-être trop fameuse – «immunité collective», ou «immunité de groupe», qui joue une autre partition. L’idée est qu’à partir d’un certain seuil d’immunisation d’une population – que celle-là soit naturelle ou vaccinale – le virus ne parvient plus à circuler, faute d’un nombre suffisamment grand d’hôtes, le condamnant à disparaître. Au début de la campagne vaccinale, le chiffre un peu magique de 60% de personnes immunisées a été mis en avant, d’ailleurs plus par des politiques que par des scientifiques, qui étaient, en moyenne, plus prudents. On se souvient par exemple du commissaire européen Thierry Breton qui promettait un brin optimiste l’«immunité collective» le 14 juillet…
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Avec les différents variants, l’on n’a bientôt plus parlé de 60%, mais de 70%, puis de 80%, et même aujourd’hui de 90% avec le Delta originaire d’Inde. Pis encore, certaines voix – et non des moindres – affirment que l’«immunité collective» n’est tout simplement pas atteignable. Ce fut le cas, la semaine dernière, du Pr Andrew Pollard, à la tête de l’Oxford Vaccine GroupAvec, qui a déclaré lors d’une réunion avec des parlementaires britanniques : «Avec ce variant, nous sommes dans une situation où l’immunité collective n’est pas possible, car il infecte toujours les individus vaccinés». Usant du même argument, le Pr Paul Hunter, médecin de santé publique, a lui jugé que l’«immunité collective était irréalisable». Côté français, le Pr Alain Fischer, le «Monsieur vaccin» du gouvernement, a lui aussi fait part de son scepticisme, le 15 août dans Le Journal du Dimanche : «Si l’immunité de groupe peut être atteinte ou non, je ne sais pas, c’est devenu un challenge très ambitieux que je ne trancherai pas». Que se passe-t-il ? Pourquoi ce qui était perçu comme un objectif essentiel, un quasi Graal, est-il devenu l’objet de doutes aussi prononcés ? Cela traduit-il d’une façon ou d’une autre un échec de la politique vaccinale ?
VÉRIFIONS. «Les scientifiques n’ont jamais promis qu’à partir d’un certain seuil de vaccination, le virus disparaîtrait comme par magie ! Avez-vous entendu beaucoup de médecins le dire aussi simplement ? J’en suis désolé, mais, dans cette crise, il n’y a pas de réponse simple, ce n’est pas blanc ou noir», s’agace le Pr Jean-Daniel Lelièvre, chef du service des maladies
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